Pute en container ou container à pute ?

Sous ce titre provocateur se cache une vraie provocation. Le sous-titre pourrait être « Comment la Suisse est la championne de l’hypocrisie sexuelle ».
En préambule, disons qu’il y a deux catégories de prostituées. Celles qui sont des travailleuses « libres » et celles qui exercent sous la contrainte. Pour des raisons d’éthique, je ne vais parler que de ces femmes qui sont des prostituées comme d’autres seraient coiffeuses ou banquières, par profession. Je souligne tout de même qu’il me semble qu’à 10 ans aucune petite fille ne dit qu’elle rêve de devenir prostituée, ceci afin de ne pas m’aveugler dans l’idée du prétendu « choix » de la femme.
Toujours est-il que la prostituée libre, celle qui travaille et paie ses impôts fédéraux, cantonaux et communaux, est une femme comme une autre.
Mais à Zurich, pas tout à fait. Les prostituées des trottoirs dérangeaient la population. On se demande si ce sont les prostituées seules ou leurs clients également. Disons que la gente zurichoise était gênée de ces activités fort peu zwinglinistes. Donc, comme tout bon peuple cantonal suisse, les citoyens et citoyennes furent appelé-e-s aux urnes. Et le peuple vota. Et la décision tomba : les putes seraient parquées dans une sorte de camping de containers à la périphérie de la ville, avec un bouton rouge de secours, faut-il préciser. Leurs clients viendraient en voiture, sans être fichés par les petits policiers locaux, promis craché juré.
Quelle belle avancée ! Parquer des femmes, volontaires bien entendu, dans des boîtes à sardines encerclées de fil de fer et faire venir les gentils mâles dans leurs belles autos… Je ne sais pas pour qui je trouve le plus sordide : elle qui travaille dans une boîte en métal ou lui qui consomme dans une boîte en métal…
Et l’hypocrisie me direz-vous ? C’est bien pour ces femmes ! Et bien moi je trouve horrible. On fait un truc minable pour se donner bonne conscience. Si la prostitution est un métier comme un autre, alors donnons aux prostituées libres des conditions de travail décentes ! Donnons-leur un de ces magnifiques bâtiments d’époque dédiés à nos prisonners, avec des chambres, des salles de bains, une cafeteria, pourquoi pas un-e psy et une infirmière, une garderie pour les enfants sans oublier de la formation.
On enferme nos détenus dans des lieux de détention qui ont mille fois plus d’agréments que ces containers ! Eux ont pourtant commis des crimes, alors que ces femmes ne font que commerce du sexe !
Madame et Monsieur Zurichois s’endorment bien ce soir. Monsieur est allé jeter la poubelle et faire son petit tour d’encanaillement au container pendant que Madame médisait avec sa soeur sur les nouveaux voisins. Ensuite ils ont mangé devant leur émission favorite et se sont couchés bien gentiment en se disant que la vie est bien faite et que la vie est belle au bord de la Limmat.
Article Tribune de Genèvehttp://tdg.ch/suisse/Zurich-presente-ses-sexbox-aux-habitants/story/20718008

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