L’homophobie, comme les minarets, ne nous disait rien jusqu’à ce que nous allâmes voter. Soudain, il fallait réfléchir à ces constructions hissées vers le ciel.
Voulant savoir ce que Madame Marguerite, ma voisine de palier, en pensait, je lui posais la question alors que nous nous trouvions toutes deux à attendre l’ascenseur : « Madame Marguerite, l’homophobie, vous en pensez quoi ? « Elle se tourna vers moi, et d’un grand coup, tira également la porte en soupirant « L’homo… quoi ? » Je laissais la question sur le palier.
L’homo était vraisemeblabment un mot qu’elle avait compris, c’était phobie qui avait bloqué. Evidemment, Madame Marguerite, du haut de son grand âge, connaît sans doute son latin et a étudié « l’Homo sapiens », celui qui sait, « l’homo erectus », celui qui est en érection, ce qui veut dire qui se tient debout. Est-il utile de préciser que cet « homo » là, l’erectus ou le sapiens, est une femme également. Donc l’homo – phobie devait sans doute se rapprocher dans son esprit de notre homo sapiens erectus (pour faire plus simple).
Homo phobie, l’homme qui a une phobie. Dans mon entourage, quand on parle de phobies, elles sont généralement liées à la phobie de l’avion, la phobie des aiguilles, pas à tricoter Madame Marguerite, à celles que l’on rencontre chez le médecin ou à l’hôpital ! à la phobie des petites bêtes, toutes petites et toutes noires, les insectes. L’homo phobie devrait peut-être s’appeler « l’homo phobiaque », l’homme qui a peur de tout. Ce qui me semble une très bonne définition de l’homme du 21ème siècle. Après l’homo erectus, l’homo sapiens, l’homo phobiaque… Les hommes ont peur, de tout, les femmes aussi, nous l’avions compris.
Mais homophobie c’est autre chose. L’homophobie doit se rapprocher de l’avion-phobie, de l’insecte-phobie ou de l’aiguille-phobie. De sujet, l’homo devient objet, complément. L’homo sapiens est l’homme qui sait. L’homme est sujet de son savoir. Dans homophobie, c’est la phobie de l’homo. L’homme est ici objet, ou complément. La phobie de l’homme. Je suppose que ce terme s’applique à touts les êtres vivants sur notre planète. La peur de l’homme… mais ce n’est pas encore ça, laissons les herbes trembler.
L’homophobie est en fait la phobie de l’homo-sexualité. Ca y est, le mot est lâché. Il était caché là au milieu, à en perdre son latin. L’homophobie est la phobie de l’homosexualité. Du coup, l’homo représentant l’homosexualité, les femmes sont intégrantes immédiatement. Un léger progrès. Donc la phobie de l’homosexualité est liée au sexe. Le sexe, que d’aucuns nomment le cul… (lol).
Dans l’homophobie, je verrai plusieurs niveaux, tout d’abord, comme pour le porno, de l’homophobie « hard », ceux qui veulent « casser du pédé », ceux dont la simple vue d’un être du même sexe ne se définissant pas comme « lui » provoque des éructements de l’âge de l’homo erectus. Compliquée ma syntaxe ? Un exemple concret : un bel homme, bien viril, grand et fort, qui adore Batman, Zorro et tous les grands héros de nos histoires. Il adore les blondes, jolies, avec de la conversation, beaucoup de conversation. D’ailleurs il en a une sous chaque bras. Cet homo erectus (je ne sais pas si je peux utiliser le sapiens) va sentir ses poils se dresser sur son torse velu à la vue d’un homosexuel de sexe mâle, ce qui va en général faire roucouler les deux blondes qu’il trimballe sous les aisselles.
Cet homophobe hard est facile à reconnaître, souvent, il ne ferait pas de mal à une mouche, il est trop occupé avec ses blondes. L’homophobie douce est plus sournoise, c’est celle qui vit dans l’ignorance, qui se tapit au fond d’un sac, d’un souvenir, derrière une histoire. C’est celle qu’on entend dans le « moi j’adore les homos, mais pas chez moi… »
En fait l’homophobie a deux cibles. La première est extérieure, comme nous l’avons vu. L’homo-phobe « n’aime » pas les homosexuels. En général, les homosexuels du même sexe que le sien. Notre Rambo des bistrots dira que les homos, il ne les supporte pas, mais que les lesbiennes, c’est cool. Evidemment, il s’imagine peut-être déjà faire un trouple, un ménage à trois !
En résumé, dans tout rapport à l’autre mêlant la sexualité, il y a soit un rapport hétéro, de femme à homme, soit homo, de femme à femme, ou d’homme à homme. En clair, soit le rapport est hétéro, soit il est homo.
Mais dans le rapport à soi, à sa propre sexualité, le rapport est forcément homosexuel. En tant que femme, que j’aime un homme (hétéro) ou que j’aime une femme (homo) mon choix est lié à l’autre. Mais pour que je puisse aimer l’autre, je dois d’abord « m’aimer moi», et m’aimer revient à dire que j’aime mon sexe, sexe de femme. Mon rapport à moi est homosexuel, forcément, il est hétéro ou homo avec l’autre.
En clair, mon rapport à moi est homo, mon rapport à l’autre et soit homo, soit hétéro. Chaque relation à l’autre peut être homo, hétéro ou les deux. En revanche, la relation à soi ne peut être qu’homo.
La question qui se pose ici est de savoir si les homophobes ne sont pas en fait des homophobiaques, voire, des homosexophobes. Dans l’homophobie, qu’elle soit hard ou douce, le plus dramatique et le rejet de soi, de son propre sexe. Avoir peur de l’autre parce que sa sexualité est homosexuelle renvoie à un rejet chez soi de sa propre sexualité. Apprenons à aimer notre propre sexe, à nos enfants à s’aimer, dans leur identité de sexe et ils aimeront, un homme ou une femme, ou les deux, selon leur propre choix. Ce n’est pas l’homophobie qu’il faudrait combattre, mais bien encourager et promouvoir l’amour de soi, de son propre sexe.
Mon fils est homo, et alors ? Moi aussi, vous aussi ! Nous sommes tous des Homo Homosexuelus !