Le lanceur de lucioles

Il était une fois, dans une forêt profonde, un petit garçon qui vivait avec les arbres et les animaux. Il était très laid. Il avait une bosse sur le devant de son corps, de gros yeux qui larmoyaient tout le temps, des oreilles immenses, de très grandes mains, avec des ongles noirs. Sur le dos il portait de profondes marques rouges, blessures anciennes dont il ne se souvenait pas. Quand elles lui faisaient trop mal, il se couchait contre un arbre et attendait que le soleil ou la lune viennent lui caresser la peau, au creux de la nature.

Il avait les ongles courts et noirs car la terre adorait qu’il la gratte, elle ronronnait de plaisir. Alors le petit garçon grattait et grattait, et sa mère la Terre ne bougeait plus, se laissant bercer. Avec le temps, des petites herbes et des jolies fleurs poussaient dans les sillons ainsi creusés.

Il aimait écouter les oiseaux se raconter des histoires, les murmures des insectes qui peuplaient son univers, leurs belles antennes frémissantes, leurs pattes minuscules dessiner des chemins sur le sable, observer leurs travaux quotidiens comme déplacer une feuille, ou une brindille, construire un nid ou creuser un tunnel de la taille d’une aiguille.

Un jour qu’il se promenait avec le vent dans les arbres, il aperçut une princesse qui marchait sur le sentier. Une petite fille aux longs cheveux blonds chantonnait dans la lumière. Elle portait une jolie robe à fleurs, des sandales de cuir. Il s’immobilisa d’un seul coup, le petit animal qu’il logeait dans sa poitrine se mit à courir très vite. Il ne respirait presque plus. Il observa la petite fille comme il observait ses amis les insectes et les oiseaux. Avec douceur et patience, sans rien attendre. La petite fille passa, et il resta planté là, comme un arbre qui pousse.

Le soir venu, la princesse aux cheveux d’or revint. Elle s’assit près d’un arbre, la nuit tombait. Le petit garçon appela son amie la luciole et lui souffla d’aller se poser sur une pierre devant la petite fille. Quand la luciole atterrit délicatement sur le rocher, la petite fille se mit à appeler doucement : « Jean, Jean, viens voir, il y a une luciole ! ».

Un garçon arriva en courant, s’assit à côté de sa sœur et tous les deux admirèrent dans le silence la petite lumière qui brillait devant eux.

Notre lanceur de lucioles, caché derrière un gros tronc de chêne, ému, bougea, ce qui fit se retourner les deux enfants. « Il y a quelqu’un, allons voir », proposa Jean. Alors très vite le lanceur de lucioles grimpa dans le chêne, très haut, près du nid de ses amis les geais aux ailes bleues. Les enfants cherchèrent un moment puis ils partirent. Il faisait nuit.

Le lanceur de lucioles attendit un long moment que son amie la lune vienne l’éclairer, alors il descendit de son arbre et se lova dans ses racines. Il s’endormit.

Un parfum qu’il ne connaissait pas lui chatouilla les narines. Il sentait le soleil du matin sur ses paupières. Il sentait aussi qu’il n’était pas tout seul. Il entendit un bruissement léger, comme un battement d’ailes de papillons. Lentement il ouvrit les yeux, et il vit devant lui la petite princesse et son frère. Elle lui sourit et lui dit : « Bonjour, c’est toi le lanceur de lucioles ? ». Il la regarda de ses grands yeux et sourit à son tour. Alors Jean regarda sa sœur et lui dit : « Mais c’est une fille ! regarde son grand cœur qui bat dans sa poitrine, c’est une fée de la forêt !».

La petite princesse prit la main de la fée amie des lucioles. Elle se leva et tendit sa main à Jean. Tous les trois se sourirent, Jean prit la main de sa sœur et ils formèrent une ronde.

Puis ils s’assirent et le sommeil venant, ils s’endormirent.

Quand le soleil fut chaud dans le ciel bleu, la maman et le papa des enfants sortirent en courant de la maison, les lits étaient vides, où étaient-ils encore passés ?

Ils arrivèrent devant un grand arbre centenaire, un chêne majestueux au pied duquel leurs deux enfants dormaient, en se donnant la main. « Bonjour maman, bonjour papa » fit Lucie en se réveillant. « Nous avons rencontré la fée amie des lucioles cette nuit ».

Son papa la regarda en souriant. « C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’étoiles filantes ».

Jean sourit, et serrant la main de sa sœur il répéta lentement :

« Oui, cette nuit, nous avons rencontré une étoile filante ».

Le lanceur de lucioles, par notre coach Jill Székely

 

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