Le bateau dans ma tête

 

Vous vous promenez au bord du lac, ou de la mer. Et vous voyez un bateau, un voilier. Magnifique. Blanc sur le bleu de l’eau. Fin, élancé. Il vogue, libre et fier. Vous le voyez de vos yeux grand ouverts.

Puis vous rentrez à la maison. Et vous vous rappelez ce merveilleux voilier. Vous le voyez encore, avec son mat, ses voiles.

Et vous racontez à votre mère au téléphone que vous avez vu un bateau blanc, un voilier magique, qui voguait libre sur l’eau.

Et votre maman vous raconte un souvenir, quand elle et votre père étaient en Grèce, et qu’ils avaient fait une croisière sur un beau voilier blanc, sur la mer bleue immense.

Elle vous le raconte si bien que vous voyez ce voilier, en Grèce, et vos parents sur le pont.

Quand vous raccrochez, vous réalisez que vous avez fait une esquisse avec votre crayon, sur un bloc de papier. Un beau voilier se dessine dans les traits sur le blanc de la feuille.

Votre fils arrive et regarde le bateau dessiné. « Il est joli ton bateau, moi aussi je vais en dessiner un. Il me rappelle celui que nous avons pris, tu se souviens, pendant nos vacances d’été ? »

Et vous vous rappelez ce bateau que vous avez pris l’été dernier…

Vous ouvrez un magazine qui est sur la table du salon, et que vous montre la page, une photo d’un beau voilier blanc.

J’ai un bateau dans ma tête…

Je vous raconte cette histoire pour vous montrer tous les bateaux que vous avez dans votre tête. Tout d’abord, le « vrai » bateau, celui que vous avez vu. Il n’est pas dans votre tête, vous en avez une représentation. Cette représentation devient un souvenir, et quand vous le rappelez, vous consolidez la représentation, et à force de rappeler le souvenir, il peut aussi se modifier, selon les circonstances et le contexte. Puis vous avez raconté votre souvenir et on vous a décrit un autre bateau. Vous en avez imaginé la représentation. A côté du bateau que vous avez vu se trouve celui qu’on vous a décrit. Deux représentations se côtoient… Puis vous avez dessiné un bateau, rajoutant un nouveau souvenir, celui du dessin sur le papier, sous forme de représentation, bien sûr, vous n’avez pas une feuille de papier dans la tête ! Et votre fils qui va dessiner son propre bateau, peut-être celui de ses rêves, et quand vous le verrez, vous aurez ajouté une nouvelle représentation… Et la page du magazine vient créer une cinquième représentation, qui renforce, globalement, celle du voilier blanc que vous avez admiré.

Vous direz sans doute que vous ne voyez que des bateaux en ce moment, et cela vous donnera peut-être envie d’aller faire une croisière. Vous pourrez alors imaginer le bateau. Imaginer, ce qui signifie créer une représentation d’un bateau qui n’existe pas. Car l’imagination crée d’abord la représentation, qui ensuite est confrontée au bateau réel. A vous de voir comment vous allez vivre le transfert de la représentation à la réalité…

Mon histoire de bateau est une histoire pour comprendre que nous construisons le contenu de notre cerveau, de notre mémoire, en fonction des images que nous sélectionnons. Remplacez le bateau par un meurtre, et la chaîne sera la même. Vous renforcerez la notion de meurtre dans votre cerveau et aurez partagé cette vision avec vos proches.

La différence n’existe pas dans notre cerveau entre un meurtre et un bateau. Ce sont des données, des data. Ce qui change est la charge émotionnelle ou énergétique qui est déployée par ce bateau ou ce meurtre. Le meurtre va provoquer des tensions, de la peur, de la tristesse ou autres émotions qui peuvent être pénibles à vivre.

Le bateau va révéler et partager la joie, la paix, la beauté, l’amour, la vie, la liberté… et autres valeurs qui encouragent la créativité, la passion, la joie.

Je vous rappelle que tout cela est dans votre tête, il y a autant de bateaux que de meurtres sur terre. Votre liberté est celle de choisir ce que vous voulez vivre et partager avec vos proches.

Maman je t’aime, mon fils je t’aime, toi aussi qui lis, je t’aime.

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